"Fécamp, c'est mon premier voyage" - Raymond Queneau (3è) - Les lettres de Matisse

"Fécamp, c’est mon premier voyage" - Raymond Queneau (3è)

Fécamp, c’est mon premier voyage ;

on va voir la Bénédictine.

J’admire la locomotive :

je suis avancé pour mon âge.

Pour visiter Honfleur, Trouville,

il faut traverser l’estuaire.

Moi, je n’ai pas le mal de mer :

Y’a des marins dans la famille.

Bolbec, Lillebonne, Étretat

font l’objet d’excursions diverses :

qu’on étouffe ou qu’il pleuve à verse,

on plaisante sur l’Ouest-État.

Paris, ça c’est une aventure.

Un marchand de cartes postales

à ma mère escroque dix balles

mon père en fait une figure.

On court voir les êtres en cire

exposés au musé’ Grévin :

pour l’un d’eux on prend un gardien

Ah là là, ce qu’on a pu rire.

Maintenant, à la Tour Eiffel !

Il fait chaud et c’est un dimanche.

On attend, papa s’impatiente :

voilà son foi’ qui lui fait mal.

Le jour même, nous revenons.

On prend le train à Saint-Lazare.

Bientôt je vois cligner deux phares,

un rouge, un blanc : c’est ma maison.

Raymond Queneau, Chêne et chien, 1937.

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Police pour dyslexie ?
Interlignage double ?