Pierre-Auguste Renoir, " Portrait d’un jeune homme et d’une jeune fille"
Elle
était déchaussée, elle était
décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs
penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?
Elle
me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la
beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu,
c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les
arbres profonds ?
Elle
essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda
pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint
pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !
Comme
l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi,
dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée
et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.
Victor
Hugo