"Melancholia" - Victor Hugo (4è) - Les lettres de Matisse

"Melancholia" - Victor Hugo (4è) SQ : Rencontrer des héros populaires : Les Misérables, Hugo

, par Mme Laurence Bot

Melancholia


Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?

Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules ;

Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement

Dans la même prison le même mouvement.

Accroupis sous les dents d’une machine sombre,

Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,

Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,

Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.

Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.

Aussi, quelle pâleur ! La cendre est sur leur joue.

Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.

Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !

Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,

Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »


Victor Hugo (1802-1885), Les Contemplations, 1856

P.-S.

Victor Hugo a été le chef de file du romantisme au 19ème siècle. Il a composé une œuvre gigantesque qui témoigne de nombreux engagements personnels.
Poète militant, il s’est préoccupé tout au long de sa vie du sort des misérables et a lutté contre toute forme d’injustice sociale.
En 1856, Victor Hugo publie Melancholia, poème en alexandrins, extrait de Les Contemplations. Dans ce poème, Hugo évoque le travail dur et pénible des enfants.

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