« Les Fusillés de Châteaubriant »Ils sont appuyés contre le cielIls sont une trentaine appuyés contre le cielAvec toute la vie derrière euxIls sont pleins d’étonnement pour leur épauleQui est un monument d’amourIls n’ont pas de recommandations à se faireParce qu’ils ne se quitteront jamais plusL’un d’eux pense à un petit villageOù il allait à l’écoleUn autre est assis à sa tableEt ses amis tiennent ses mainsIls ne sont déjà plus du pays dont ils rêventIls sont bien au-dessus de ces hommesQui les regardent mourirIl y a entre eux la différence du martyreParce que le vent est passé là ils chantentEt leur seul regret est que ceuxQui vont les tuer n’entendent pasLe bruit énorme des parolesIls sont exacts au rendez-vousIls sont même en avance sur les autresPourtant ils disent qu’ils ne sont pas des apôtresEt que tout est simpleEt que la mort surtout est une chose simplePuisque toute liberté se survit.René-Guy Cadou, Pleine Poitrine, 1946 (repris dans Les Fusillés de Châteaubriant in Pierre Seghers, La Résistance et ses Poètes. France 1940-1945, 1974)
Des pistes pour étudier ce poème ? http://www.cndp.fr/poetes-en-resist...